En entendant Annick de Souzennelle prononcer cette phrase lors d’un interview, j’ai été boulversée.
Ça évoque tellement de choses.
D’une part, l’amour que je ressens quand je regarde les personnes que j’aime, où dans ce cas, même ce qui pourrait sembler un défaut n’en est pas.
À l’inverse, la difficulté à poser le regard sur ceux que je n’aime pas et à percevoir tout ce qu’il y a de beau chez eux.
Je me rends compte qu’en fait ce ne sont pas les personnes que je n’aime pas mais les sensations, les émotions que je ressens quand je les regarde qui me sont désagréables.
En détournant mon regard, j’évite d’y faire face, de les ressentir, d’observer les pensées voire les jugements qui y sont liés. Qu’est-ce que je juge réellement et qui ?
Ne pas regarder mes émotions et pensées ne les font pas disparaître pour autant.
Elles restent tapies dans l’ombre, refoulées.
Tôt ou tard, elles émergeront à nouveau.
Une situation, une personne les déclenchera.
Suivi de son lot de réactions : rejet, malaise, tension, sentiment de ne pas savoir comment gérer la situation.
Les outils de communication peuvent aider.
Mais ils ne suffisent tant que je n’ai pas fait le retournement.
Le retournement signifie, regarder mes émotions et les nommer.
Ça implique dire: oui je ressens de la jalousie, de l’amertume, du désespoir, du découragement, de la colère, de la peur, pour ne citer que quelques émotions que l’on ne trouve pas belles. Et dont on se sait que faire.
Si on n’a pas appris à les accueillir et les nommer.
C’est ce que Jung voulait dire par « regarder ses ombres ».
Une fois regardées, elles ne sont plus des ombres et elles vont nous délivrer leurs informations.
Une fois remontées à la conscience, elles vont cesser de biaiser nos interprétations et guider nos réactions.
Elles vont nous montrer leur côté lumineux.
Poser un regard sur ce que je n’aime pas, n’accepte pas chez moi le transforme en quelque chose que je ne connais pas encore ou plutôt que j’ai occulté, oublié.
C’est le regard que je pose dessus qui me rendra la mémoire d’une partie de moi que j’avais couverte d’un voile.
Cette part qui se manifestait dans mes relations avec les autres, pour être regardée et ainsi dévoilée pour pouvoir montrer son autre face et libérer tout son potentiel.
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